DE L'HOPITAL AU lYCEE

De l’Hôpital au Lycée

 Par Wladimir Mitrofanoff

Je me souviens bien sûr de ma première visite à l’hôpital de la Charité fonctionnant encore en partie : l’impressionnante porte d’entrée, boulevard Montebello, l’enceinte des murs élevés, la noirceur des parements et, passé le porche, l’espace ordonné – «évident de la cour centrale – dominé par la Chapelle et encadré par les galeries latérales.

 La composition géométrique, (partageant les bâtiments vers les quatre points cardinaux, à partir, soit du vide central, soit d’une manière volontairement symbolique, à partir de la chapelle) m’est apparue ce jour-là comme la soudaine révélation d’une organisation propice à l’éducation des adolescents.

 Cette citadelle, refermée sur elle-même, pouvait s’ouvrir à la ville, dialoguer avec son environnement tout en conservant la mémoire de ce qu’elle fut.

 Telle fut ma démarche au cours de l’étude : d’une part conserver cet édifice remarquable – et que je découvrais encore davantage chaque jour, passé l’impression fulgurante de mon premier contact – et en même temps lui insuffler une nouvelle vie en la marquant des signes de la modernité :

 Le basculement à 90° de l’axe de l’entrée allait donner à l’ensemble une nouvelle dynamique, différente du système symétrique, plus statique, du plan axial original.

- la disposition des chauffoirs latéraux ouvrait les jardins intérieurs vers le quartier et faisait découvrir, (depuis le boulevard Montebello), placés au cœur du lycée, les « satellites » métalliques qui densifieraient les espaces et signifieraient l’irruption d’un usage nouveau.

- la prise en compte de la Chapelle  comme élément référent du savoir (qui n’exclut pas la spiritualité) transformée en centre polyfonctionnel actif faisant « travailler » l’espace dans les trois dimensions, c’est-à-dire jouer sur les transits verticaux et les lumières zénithales.

- la redécouverte du niveau le plus bas, qui allait donner à l’ensemble un réseau de circulations horizontales, desservant l’ensemble des bâtiments et une assise puissante aux superstructures.

Ainsi, je le pense, à tout instant, le dialogue entre  passé et présent s’établit, et se manifeste la marche du temps. Passer de l’hôpital au Lycée répond à une simple nécessité fonctionnelle. Passer mentalement du Lycée à l’Hôpital, refaire le chemin inverse, devient, pour les utilisateurs nouveaux, une virtualité très riche.

Wladimir Mitrofanoff

Octobre 1994

Projet Mitrofanoff - maître d'ouvrage delégué : SEMLYCEE